mercredi 25 septembre 2013

Dites NON au projet éolien de la Villedieu à l'enquête publique jusqu'au 2 octobre

Il reste encore quelques jours jours avant le 2 octobre, pour aller signaler votre opposition motivée au projet éolien de la Villedieu ; vous pouvez le faire en mairie de la Villedieu, mais aussi dans toutes les communes riveraines de  la Villedieu, où est mis à disposition du public un exemplaire du projet.

Nous mettons à votre lecture ci-dessous, l'avis très motivé de l'association pour la protection des bassins du Bès et de la Truyère.



Association pour la Protection des Bassins du Bès et de la Truyère

Le Village

48310 Albaret le Comtal



Monsieur le Commissaire-enquêteur

Projet de parc éolien de La Villedieu

La Mairie

48700 La Villedieu



Albaret le Comtal, le 25 septembre 2013



Monsieur le Commissaire Enquêteur,





Le projet de parc éolien de La Villedieu est la chronique annoncée d’un désastre environnemental :



- Phase 1: les 9 éoliennes de La Villedieu étant situées en zone forestière (E1 à E9 sur la carte 1.jpg), leur implantation va nécessiter le défrichement de plusieurs dizaines d’hectares ; de tels exemples existent déjà en Margeride, par exemple le projet du Truc de l’Homme (7 éoliennes) sur les communes du Fau de Peyre et de la Fage Montivernoux a entrainé le défrichement d’environ 50 hectares (carte2.jpg). Le rôle de la forêt dans la rétention/restitution d’eau n’est pas à démontrer, le risque de perturbation du réseau hydrologique est donc substantiel localement.



- Phase 2 : comme un projet industriel de cette envergure met du temps à se concrétiser, les zones défrichées vont être transformées –en attente de la mise en œuvre- en prairies artificielles ; ces prairies seront « bonifiées » à l’aide d’engrais chimiques ce qui augmentera considérablement le risque de pollution des sources, captages et ruisseaux en aval de la zone du projet ;



- Phase 3 : la phase de creusement des fondations est particulièrement critique.

Pour comprendre les conséquences négatives de ce type de travaux sur l’hydrogéologie locale, il faut un rappel de géologie :

- La partie nord de la Lozère, notamment la Margeride et plus particulièrement la zone de La Villedieu (carte 3 – InfoTerre La Villedieu.pdf et carte 3 bis - legende-carte-La Villedieu), repose essentiellement sur un socle granitique fissuré et fracturé au fil du temps sous l’effet de multiples facteurs (glaciation, soulèvement des Alpes, séismes, infiltrations d’eau, gel/dégel etc.). Ce sont ces fissures et fractures qui assurent la perméabilité du socle, car les roches cristallines et métamorphiques qui le composent sont peu perméables et poreuses. L’horizon supérieur de ces terrains granitiques est quant à lui composé d’une roche altérée (altérite) plus ou moins poreuse selon sa composition. Cet horizon altéré -encore appelé arène granitique- peut abriter des nappes d’eau de petite envergure dont la surface de recharge est très localisée puisque limitée à la zone de la fracture verticale du socle. Par ailleurs, cet horizon est plus ou moins profond selon la topographie : de zéro à plusieurs dizaines de mètres. En effet, il n’y pas de nappe phréatique à grande échelle, comme on peut en trouver dans des terrains sédimentaires. Le sous-sol se présente donc sous la forme d’une masse de granite fracturée en un  réseau tridimensionnel de failles et de micro-failles à la faveur desquelles l’eau (émanant d’infiltrations ou d’origine fossile et contenues dans des poches aquifères) remonte à la surface (trop plein). Ainsi nos régions granitiques sont connues pour leurs nombreuses résurgences au sommet des montagnes, contrairement aux régions calcaires où l’eau sourd à la base des couches sédimentaires. Certaines de ces failles se recoupent, d’autres sont tout à fait indépendantes les unes des autres.  Ensemble elles représentent une juxtaposition de réseaux aquifères qui ne sont pas nécessairement liés entre eux et dont la configuration dans l’espace est très difficile à connaître (d’où le succès des sourciers).   On parle « d’aquifères discontinus ». Il en découle que la ressource en eau des socles granitiques est plus modeste et que sa gestion est bien plus complexe que celle des aquifères sédimentaires. Des précautions extrêmes s’imposent quant à l’exploitation des terrains en surface.

Ces précautions sont d’autant plus importantes à observer dans le cas de La Villedieu car l’arène granitique y est quasiment inexistante, ayant été décapée par les glaciers de l’ère quaternaire (voir le deuxième paragraphe, en page 15 du document 1 - hydrogéologie Margeride.pdf). Ceci implique que les résurgences proviennent directement de remontées d’eau via le réseau de failles. Or lors des travaux de fondation d’une éolienne, on défonce le sol sur plusieurs mètres de profondeur et sur un diamètre d’une vingtaine de mètres pour faire une « semelle » d’éolienne (lourde semelle en béton qui assure l’ancrage et la stabilité de l’éolienne et n’est jamais excavée en fin d’exploitation) : on touche fréquemment les sources et les failles qui les alimentent (Photo 1 – fondation éolienne en terrain granitique.jpg) ; au mieux on perturbe durablement le régime de la ou des sources concernées et plus généralement le réseau hydrologique qui lui est lié ; au pire on perd la ressource en eau à jamais. L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire a pointé les risquessanitaires importants liés à la mise en place de dispositifs éoliens dans lespérimètres de protection des captages d’eau ; dans la pratique, ces captages et points d’eau sont impossibles à éviter par un projet éolien tant la densité de captages, tourbières et sources est importante en Margeride, d’après les cartes du Bureau de Ressources Géologiques et Minières. Sans parler de la menace sur la qualité de l’eau due aux fuites (fréquentes) d’huile de moteur d’éolienne et aux produits chimiques contenus dans les 1500 tonnes de béton constituant le socle de chaque machine en montagne (photo 2A et 2B – pollution moteur.jpg). 



Phase 4 : dégâts sur la faune typiquement associés à ceux d’un parc éolien, que je ne développerai pas ici, le sujet a été largement documenté par des associations de protection de la faune, régionalement et nationalement.



Mais le projet de parc éolien de La Villedieu est également la chronique annoncée d’un désastre socio-économomique :



Le développement de l’éolien industriel émane le plus souvent d’entreprises dont l’objectif principal est de dégager des dividendes pour les actionnaires. Ce n’est pas un défaut, c’est un fait. Leur implication dans le secteur des énergies renouvelables ne témoigne d’aucun engagement en faveur de l’environnement : elle répond à une stricte logique de rentabilité permise par une subvention (rachat de l’électricité fournie par l’éolien à un prix supérieur à celui du marché), une politique gouvernementale très favorable à l’éolien (objectifs de développement à l’échelle régionale) et un cadre réglementaire qui ne cesse de s’assouplir (disparition des ZDE) sous la pression d’un puissant lobby. Là aussi, ce sont les faits. Sur le terrain, en Margeride comme partout ailleurs, le développeur choisit un site, courtise les élus, implante ses machines, revend le parc à un exploitant, empoche le bénéfice et recommence un peu plus loin. Cette stratégie est souvent entachée de défauts de gouvernance plus ou moins graves mais le promoteur n’en a que faire : il a des objectifs quantitatifs à remplir, les moyens de s’offrir des conseillers juridiques et se débrouille toujours pour ce soient les élus qui paient le prix de son insatiabilité (prise illégale d’intérêt, corruption passive ou active).



Par contraste, nous -les habitants de la Margeride- avons choisi cette terre pour y vivre, y travailler, y élever nos enfants. Certains d’entre nous y sont nés et restés, c’est un choix par défaut. Certains l’ont quittée pour mieux y revenir. D’autres encore l’ont adoptée et la respectent tout autant que ceux qui y sont nés. Et puis il y a ceux qui –des hauteurs de l’Aubrac, du causse du Sauveterre, du Mont Lozère ou des Monts du Cantal- observent nos actions, guettent nos décisions et approuvent notre détermination à défendre notre territoire car chacun sait ici que la Margeride fait partie d’un tout et que ce tout –LA LOZERE- n’est pas à vendre.



Pour nous, la Margeride est une magnifique ligne d’horizon qui émerge d’un brouillard diaphane le matin, étincelle d’un vert émeraude le midi et se pare d’une mystérieuse ombre bleue à la tombée de la nuit.



Pour les promoteurs, c’est une zone coloriée en jaune sur le schéma régional éolien et que la région Languedoc-Roussillon a désignée comme propice au développement de l’éolien (puisque l’éolien n’y est pas interdit) dans son immense bonté, à moins que ce ne soit sous l’influence de groupes mafieux italiens comme le laisse supposer le SIRASCO - Service d'Information, de Renseignement et d'Analyse Stratégique sur la Criminalité Organisée- dans un rapport d’octobre 2012 soulignant que la technique de ces groupes est celle de «l’infiltration au sein d'administrations décentralisées» pour «influer sur la désignation des zones retenues pour l'implantation de parcs d'éoliennes».



Pour nous, la Margeride offre une forte densité de sources et de résurgences que nous nous faisons un devoir de protéger car, au delà de leur contribution aux bassins d’Allier et de la Truyère (notamment), elles alimentent nos villages, abreuvent nos bêtes et désaltèrent le pèlerin de passage. 



Pour les promoteurs, c’est une grosse tâche verdâtre sur une carte topographique assortie, quelle aubaine, d’une faible densité de population : pas de population, pas d’opposition.



Pour nous, la Margeride est un territoire rural (sans urbanisation ni industrialisation) dont l’économie fragile est construite sur une agriculture de qualité, une exploitation raisonnée de la forêt, un tourisme très exigent à l’égard des paysages et de l’environnement (biodiversité, qualité de l’eau) et un artisanat encore vivace.



Pour les promoteurs, c’est du terrain presque vierge qui promet de la rentabilité pour les actionnaires.



Pour nous, la Margeride est le paradis du randonneur, du pêcheur, du skieur de fond, de l’amateur de produits du terroir, mais aussi une terre prisée pour sa tranquillité, son silence.



Pour les promoteurs, du bruit c’est sûr qu’un parc éolien en fait, mais plutôt se damner que de l’admettre et puis la crainte du bruit se règle facilement: on emmène quelques élus et quelques habitants faire un petit tour dans un parc éolien déjà en fonctionnement, on évitera d’y aller un jour où ça fait trop de bruit (on évitera ainsi les jours de brouillard, ceux où l’humidité est trop forte, où il fait trop de vent, etc.) et le tour est joué. Et puis si les gens se plaignent encore du bruit quand le parc fonctionnera, il n’auront qu’à demander à l’exploitant d’arrêter de faire fonctionner les éoliennes la nuit : on aura détruit le paysage pour rien, mais ce n’est pas un problème. 



Pour nous, les villages de la Margeride sont les témoins de la détermination d’hommes et de femmes qui se sont battus pour qu’aujourd’hui NOUS -leurs enfants- vivions dans une France libre. 



Pour eux, ce sont des villages moribonds qu’on va mettre sous perfusion: ils auront vite fait de convaincre les élus en leur faisant miroiter des possibilités d’infrastructures auxquelles ils n’avaient même pas pensé !



Pour nous, la Margeride est une promesse de nuit noire, d’un noir riche, profond, propice à la réflexion ainsi qu’à l’observation des étoiles.



Les promoteurs, eux, ne réfléchissent pas, ils n’observent pas: « ils saisissent les opportunités » comme on dit et construisent des champs de machines qu’on verra depuis des dizaines de kilomètres à la ronde (le jour) et qui clignoteront au rythme de 40 pulsations par minute (la nuit). Adieu les nuits étoilées.



Voilà, Monsieur le Commissaire-Enquêteur, ce qu’est la Margeride pour nous et ce qu’elle est pour les promoteurs d’éolien industriel. Voilà ce que représente la commune de La Villedieu pour nous, et ce qu’elle représente pour eux.



Ne croyez pas que nous sommes défavorables aux énergies renouvelables mais comprenez que l’éolien n’a rien de renouvelable et que l’installation d’un parc éolien est une opération chirurgicale à cœur ouvert de grande envergure et qui se fait sans anesthésie. Et l’expérience médicale des départements voisins (Cantal et Aveyron pour ne citer qu’eux) démontre qu’une opération en appelle une autre, puis une autre et ainsi de suite. Le projet de La Villedieu, c’est la porte ouverte à la horde de promoteurs qui piétinent depuis des mois et n’attendaient que le feu vert de la région (la publication du schéma régional éolien) pour mettre à sac une région –la Margeride. Et TOUR CELA POUR RIEN : le bilan de l’industrie éolienne est négatif en terme d’emplois, de fourniture d’énergie, de bilan CO2. Le contraire de ce que cette industrie s’évertue à faire croire.



Au nom des membres de l’Association pour la Protection des Bassins du Bès et de la Truyère (215 adhérents à la date du 25/09/203), je vous demande de donner un avis négatif à ce projet et de contribuer ainsi à faire respecter la délibération du 21/12/2012 du Conseil Général de la Lozère défavorable “à tout développement de l’éolien sur le territoire de la Lozère au regard de ses espaces dont la forte identité paysagère et environnementale est incompatible avec ce type d’implantation.”



Je vous prie d’agréer, Monsieur le Commissaire-enquêteur, l’expression de mes sentiments respectueux.





fullsignature-final

Pascale Debord

Présidente

Association pour la Protection des Bassins du Bès et de la Truyère


06 7868 7545

L'association pour la protection des bassins du Bès et de la Truyère, se préoccupe plus particulièrement des problématiques d'eau, et en Lozère "Pays des sources" il y en a. 
Pour attester le sérieux des observations fondant un avis défavorable sur ce projet de la Villedieu, il a été mis en pièces jointes un document expliquant le fonctionnement et la fragilité de l'hydrogéologie de la Margeride.

Bien entendu l'étude d'impact du projet, et la DREAL dans son avis sur l'évaluation environnementale du projet, ignore ce fonctionnement et cette hydrogéologie, et ne vérifie pas les impacts induits. Le projet est à proximité d'un captage, et de nombreuses zones humides superficielles, et il n'a été fait aucune vérification des impacts du projet sur la pérennité de ces ressources en eau.

Est-on encore dans une république exemplaire ??? Si un petit paysan ne respecterait pas les textes, il aurait "aux fesses" les services de l'eau du département, la DREAL, l'agence de l'eau, l'ONEMA, et plus encore ; mais pour un projet financier et industriel de très grande hauteur contestable, circulez il n'y a rien à voir!!!!!!!!



Sachons préserver notre belle Lozère, Pays des sources

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire